Déploiement du système nerveux, maturation et inhibition 3/4

un père et son bébé les yeux dans les yeux

L’importance du visage dans la relation et l’attachement

Comment se développe le tonus du nerf vague ventral ?

Le système le plus récent, n’est pas actif à la naissance ; il se développe progressivement et principalement au contact des personnes qui prennent soin du bébé quand le bébé se love dans des bras chauds, doux et soutenants. Egalement, dans le peau à peau, le rythme d’un bercement, les échanges de sourires, de regards et de sons légers et apaisants.
Le nerf principal, le vague ventral, nerf crânien, innerve surtout le visage, les oreilles, le cou et la poitrine, le cœur, les poumons. Il active en nous le sentiment de curiosité, l’envie de se rapprocher, de s’intéresser et de partager : un repas, des émotions ou un contact physique. ET il se développe dans ces interactions.
Il est en connexion avec les organes des sens, ce qui permet au bébé de sentir l’odeur de son parent, de reconnaître sa voix, de lui sourire, de le voir et de se sentir regardé, de renforcer le lien et de s’attacher. Ce nerf crânien traverse le cou qui permet de se tourner vers son environnement, la poitrine et le cœur, zones de l’affect, les poumons pour respirer… le nerf vague nous fait sentir en vie et inclus.

Cette aptitude à la relation réciproque crée un état de sécurité intérieure.
L’exploration du monde et la découverte de ses propres capacités et limites ainsi que celles d’autrui est facilitée. Ce qui renforce la confiance en soi et le sentiment de sécurité envers l’extérieur.
Le nerf vague ventral en se développant permet de ressentir plus de compassion et de curiosité pour soi et pour les autres.

Nerf vague ventral et ocytocine : vers une relation ouverte et sécure.

Enfin, l’activation du nerf vague ventral déclenche un cercle vertueux en facilitant la libération d’ocytocine, une hormone appelée  « hormone de l’amour » et “molécule de la connexion”, car elle invite à tisser des liens et encourage les relations de confiance. L’ocytocine apaise les émotions et est liée aux qualités telles que l’empathie, la confiance, la loyauté et le courage. Elle se déclenche notamment pendant les câlins et accolades (hugs) d’au moins 20 secondes selon les chercheurs de l’université de Stanford. Les baisers, les caresses et les rapports sexuels permettent sa sécrétion qui se fait naturellement lors des accouchements pour les faciliter.
Un cercle vertueux pour la santé physique, les émotions saines et les liens humains puisque la production d’ocytocine contribue à la régulation du système nerveux.
Un court article sur ce sujet.

Qu’est-ce qui empêche la maturation du système vagal ventral ?

Le nerf vague ventral, se développe au contact d’un tiers sécurisant lors de la croissance du bébé.

Si le ou la « caretaker » (la personne qui s’occupe du bébé) a un système nerveux social stable, s’il ou elle est vraiment présente, vigilante, attentive et a un comportement posé, patient et tendre, cela sécurisera le bébé, facilitant le développement de son système vagal ventral et sa relaxation.

Par exemple, quand notre nerf vague ventral intervient, notre corps est habité, enraciné, nous ne sommes pas ailleurs, pas dans notre tête. Nous sommes en sécurité intérieure. Nos gestes sont plus ronds, plus doux, plus accueillants, nos oreilles sont plus réceptives et notre voix est plus mélodieuse, nous nous adaptons tranquillement à l’autre, ce que le bébé perçoit. Un discret bercement peut émerger, il est rythmé sans être brusque. Nous ne sommes pas envahis ou effrayés par les émotions de l’enfant puisque nous savons gérer les nôtres. Les pieds sur terre, respirant pleinement, nous créons des conditions très sécurisantes pour l’enfant qui peut se détendre en confiance et se réguler.

Au contraire, si la personne qui s’occupe du bébé n’a pas un système social très développé, elle ne créera pas les bonnes conditions pour ce développement chez l’enfant.

En effet, le manque de soutien et d’apprentissage émotionnel dans l’entourage du bébé va empêcher ce nerf de fonctionner, limitant ses capacités d’apaisement.

De plus, lors des situations traumatiques, climats de terreur ou excitations trop fréquentes. (Isolement, négligence, secouades, cris, exigences extrêmes, besoins non respectés, faim, peur, ennui…) la branche dorsale du parasympathique (le frein à main) bloque l’action du système social et l’empêche aussi de se développer.
Je pense en écrivant à ces générations de bébés qui ont été placés la nuit au bout de la maison afin d »apprendre à faire leurs nuits » et ne pas déranger leurs parents convaincus de bien faire. Encore aujourd’hui, il est courant de penser que le bébé n’a pas conscience de ce qu’il se passe et ne souvient pas.
Les traumatismes des générations précédentes marquées par les guerres et un mode d’éducation brutal, inconscient des besoins du bébé et de l’enfant, où celui-ci doit se soumettre, et rentrer dans un cadre à l’opposé de ses besoins naturels, a favorisé le développement d’un système nerveux hyper défensif alternant entre fuite, attaque, soumission ou sidération. Une éducation où il est interdit de toucher, d’expérimenter, où la « propreté » est forcée dès que le bébé marche (l’ »éducation noire » prônée en Allemagne, Urss et en France dont parle la psychiatre et auteur Alice Miller). Il renforce le sentiment de ne pas être à la hauteur, d’être insuffisant de ne jamais satisfaire son parent, créant ainsi une immense insécurité intérieure : le système vague ventral est alors peu développé. Peu d’enfants accèdent à une vraie relaxation profonde. Aujourd’hui encore, il reste des traces de cette époque dans notre système éducatif même s’il s’est amélioré, on ne frappe plus les enfants. Beaucoup de parents croient encore qu’il est utile de laisser pleurer leur bébé. Cela entretient le cercle vicieux de relations humaines dures, dénuées de sensibilité et marquées par l’incompréhension, le jugement et la peur.
Découvrez ces deux articles appuyés par la recherche qui démontrent l’importance pour le développement humain d’un parentage sensible et accordé aux besoins du bébé.

Mieux comprendre le stress vous intéresse ?

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