Les symptômes des traumatismes de l’enfance

Les symptômes des traumatismes de l’enfance

Les fantômes du passé et la dissociation. Le feu sous la glace.
L’enfant a pris pour lui les déficiences de son entourage et se croit responsable des difficultés qu’il a rencontrées. Il ne peut remettre en question l’adulte, qu’il met sur un piédestal, et dont il a besoin pour survivre. Il fera tout pour maintenir ce lien.

L’enfant a un besoin vital de s’attacher à un proche. Dans les situations où ce proche représente la menace (en étant peu fiable ou négligent, évitant ou cahotique, et même  violent ou abuseur), les instincts de survie du système nerveux autonome (fuir ou combattre) sont automatiquement activés mais aussitôt bloqués par ce même système. En effet, une immense peur de perdre cet attachement contrecarre la saine réaction de protection car l’enfant est plus petit que l’adulte qui l’agresse, il perdrait d’avance. De plus, le besoin d’attachement et la nécessité d’appartenir, de rester dans le groupe, la famille, est plus importante.
Le dilemme est biologique avant tout : une haute activation qui ne peut aboutir s’installe, perdure et génère en permanence des hormones de stress (cortisol et adrénaline). Le système nerveux se refige à la moindre réaction. Une bonne image reflète cet état, celle du feu sous la glace.

En outre, son cerveau n’étant pas terminé, l’enfant n’a pas un accès développé à certaines zones (le néo-cortex) qui lui apporteraient le recul et le discernement pour voir la situation telle qu’elle est. Sans l’apaisement d’un parent qui peut s’autoréguler, il retourne l’énergie contre lui. Le conflit devient interne. Par exemple, l’enfant prend l’habitude de nier son expérience pour s’adapter à la situation, en se critiquant. Il dit oui alors qu’il pense non. Il s’habitue à retenir ses gestes et ses émotions, à se nier, se cacher, il joue le rôle que l’on attend de lui. Il copie les fonctionnements des adultes autour de lui. Ou fait tout le contraire selon la structure développée et quand la situation est chaotique et la menace imprévisible. Cela n’est pas décidé mentalement par l’enfant, il s’agit d’un processus biologique.

Les troubles liés aux traumatismes de l’enfance sont relationnels et perturbent l’identité. Ils proviennent d’une grande insécurité intérieure qui dure toute la vie et est également projetée à l’extérieur.

Dans ces troubles, on retrouve les deux polarités de chaque qualité ou comportement et un manque de souplesse et de nuance selon les contextes. Parmi eux :

Hypersensibilité

hyper-adaptation aux autres, hyper-empathie, évitement des conflits pour maintenir le lien et un semblant d’harmonie. Ou insensibilité.

Confusion

doute de soi, doute sur la légitimité de ses émotions, de ses pensées, de ses choix ; manque de clarté et de vigilance ou hypervigilance. Ou rigidité de pensée ou de choix, affirmation brusque

Communication

Communication difficile et limitée, difficulté à dire non, regrets de ce qui a été dit, pas dit. Incapacité à s’affirmer paisiblement ou réactivité violente. Difficulté à écouter

Mésestime de soi

les réussites sont jugées insuffisantes : doute de soi, dévalorisation, culpabilité, honte, auto agression, autocritique, ruminations. Peur de la critique. Sentiment d’infériorité. Ou sentiment de supériorité, arrogance, vanité, prétention, peu de doute et pas de remise en question ; ce qui cache le manque d’estime profond

Manque d’auto-empathie

dureté envers soi, auto jugement, manque de bienveillance envers soi. ou/et manque d’empathie. Dureté envers les autres, malveillance.

Peur de la vie

anticipation anxieuse, insécurité. Pessimisme. Addictions, phobies. Peur de mourir, peur des maladies. Ou témérité, prises de risques inconsidérées

Peur des autres

souvent inconscientte. L’intimité est évitée. L’exposition aussi. « L’autre peut faire mal ». Sentiment d’incompréhension, vécu abandonnique. Méfiance, coopération difficile, évitement. Caméléons sociaux. Ou le contraire : refouler sa peur et faire peur aux autres

Co-dépendance

soumission, peur de déplaire, peur du regard de l’autre, hypersensibilité et attentes inconscientes qui peuvent se transformer en exigence, insatisfaction. Ou domination, indifférence, anti-dépendance

Difficulté à prendre "sa place", à s’affirmer socialement

auto-limitation, renoncement, sabotage : la réussite professionnelle et l’exposition professionnelle sont limitées par rapport aux compétences de la personne ce qui génère de la frustration et de l’inquiétude dès qu’il ou elle ose sortir de cette zone dite « de confort ». Acceptation de tâches subalternes. Perfectionnisme, procrastination. Ou au contraire, rage de réussir, de dominer, d’être toujours le premier, le plus grand, le meilleur…

Colère refoulée, très inconsciente

tant de frustrations pour jouer le rôle assigné ne peuvent que générer une colère contre soi et contre l’autre. L’« être » n’est pas d’accord avec ce « marchandage », cette abnégation et veut se rebeller. Mais cela met en péril le lien avec l’autre… voilà le dilemme ! Celui auquel l’enfant a été confronté qui se reproduit dans la vie adulte. Etat favorable aux addictions. La colère réprimée devient de la rage qui peut exploser parfois sous forme de violence verbale, physique ou énergétique

Dissociation

mécanisme neurobiologique et sensori-moteur. Pour éviter la douleur, le système nerveux autonome en privilégiant le nerf vague le plus ancien, crée un figement, une sorte d’anesthésie naturelle qui diminue l’impact des émotions en se coupant du ressenti corporel, sensoriel et émotionnel. Indifférence, retrait émotionnel, « j’m’en foutisme ».

Heureusement, ces comportements limitatifs peuvent guérir. Ils sont déterminés par des modes de survie mis en place dans l’enfance mais qui ne sont plus utiles aujourd’hui. L’enfant du passé a renoncé à des besoins basiques niant même leur existence et a longtemps fait « comme si ».
Tant que ces besoins n’ont pas été mis en conscience, l’adulte ressent plus ou moins le conflit archaïque de son enfant intérieur et doit gérer frustration et émotions souvent incomprises et refoulées. Refoulement générateur d’anxiété et de ruminations.

Incluant l’apprentissage de l’autorégulation du SNA, la thérapie permet de dénouer les dilemmes qui engendrent ces modes de survie.
En révélant les désirs profonds, tout en construisant la capacité à prendre soin de ses propres besoins de base.

Les besoins basiques de l’enfance sont ceux qui lui permettent de s’épanouir, de se réguler, de croître en pleine santé tout en développant une relation sécure avec son environnement.

Pour mieux comprendre

Lire l’article « Les besoins de l’enfants selon le Narm » et les 5 modes adaptatifs de survie

Des traumatismes complexes, un engagement envers soi dans la durée

Quand une personne a vécu plusieurs traumatismes de différentes catégories, elle peut souffrir du Syndrome de stress post-traumatique complexe. Les symptômes sont alors entremêlés et intenses réactivant une excitation du système nerveux intense et globale ainsi que l’impossibilité d’apaiser ce haut stress, renforçant l’impuissance et le manque d’espoir. La dissociation se déclenche quand la personne est débordée par son vécu émotionnel. En guérir est possible avec le temps, en acceptant les hauts et les bas du processus thérapeutique et en ayant un engagement durable envers soi et le thérapeute qui adaptera son approche à chaque étape d’évolution.

Traumatismes de l'enfance

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